Quelques mots sur le contenu du stage "Autour de Shakespeare"

Qu’est que c’est d’être « le fou »  ?

 

Entre leur nature désarmante de "joueur" et leur regard profond et mélancolique sur le monde, les fous nous offrent une palette de jeu sans fin. 

Le Roi Lear et Hamlet sont -ils fous ? 

Ou alors ne sont uniquement fous, ceux que l'on désigne comme manifestement fous ? 

 

 

Qui sont donc les Clowns ?

Quel corps, quelle corporalité faut-il développer ? Quelle voix ? Quel regard ?

Sommes nous plus proche d’ Arlequin ou faut-il chercher un état "zen" et  "minimaliste" ?

Ou alors les deux ?

Nous chercherons à travers l’improvisation,  en nous appuyant sur des éléments du jeu "bouffonesque",  sur celui des Clowns et de la Commedia dell arte, à trouver cet état où tout semble permis et possible.

 

Ensuite nous mettons en rapport cette recherche avec des textes et des pièces de William Shakespeare.


That is the question ?

Pourquoi existe-t-il tant de fous dans le théâtre de Shakespeare ? Ophélie, Lear, Lady Macbeth sombrent dans la folie ; Hamlet et l’Edgar du Roi Lear simulent la folie ; les clowns et les fous attitrés, qui se trouvent et dans les comédies et dans les tragédies, ne raisonnent pas toujours comme nous, et jouissent parfois d’une intelligence radicalement différente. La pensée autre de la folie, dont Shakespeare ne cesse d’explorer la diversité, saisirait-elle, mieux que celle des personnages raisonnables, les limites malheureuses et salvatrices de notre condition ? Serait-ce par la folie que l’on arrive à la sagesse ?

Dans la Nuit des rois, Viola estime que le clown Feste est « assez sage pour jouer le fou ». Dans Comme il vous plaira, Jacques comprend, en écoutant Touchstone, que « la folie du sage est mise à nu par les allusions désordonnées du fou ». Touchstone lui-même cite un proverbe connu : « Le fou se croit sage, mais le sage reconnaît qu’il n’est qu’un fou. »

Par la folie, selon Shakespeare, on apprend des choses essentielles, en allant au-delà des limites. Hamlet nous fascine. Est-il fou ? Joue-t-il à paraître fou ? Il se peut qu’après avoir beaucoup réfléchi, nous ne le sachions pas plus que lui. Nous voyons qu’il ne lui est nullement besoin de feindre la folie : Claudius n’a aucune raison de le soupçonner de vouloir venger le meurtre de son père, et c’est le comportement inquiétant d’Hamlet qui l’avertit d’un possible danger. Mais Hamlet a été bouleversé par la vision du spectre de son père ; le spectre disparu, il sent que sa tête s’embrouille, s’enfièvre, et sa conduite devient aussitôt bizarre. Pour se protéger contre l’effroi provoqué par l’apparition et contre l’horreur de ce que le spectre a révélé, il sort ses tablettes et note – mais dans quel but ? – que l’on peut sourire et sourire et être un scélérat. Puis, dans son agitation extrême, il appelle son père, que pourtant il vénère, par des noms burlesques : « mon brave », « vieille taupe ». Hamlet parle-t-il de la possibilité qu’il affecte, plus tard, « une allure fantasque » parce qu’il craint que la folie soit déjà en lui ?

(extrait de "La Revue des deux mondes" de Michael Edwards)